Comprendre les facteurs de gravité

nteractions = Produit (P) x Individu (I) x Environnement (E)

Facteurs de risque liés au produit :

Classement des différentes substances, selon leur potentiel toxique, leur potentiel de modification psychique et leur potentiel addictif :

  • le potentiel toxique, c’est-à-dire la capacité à provoquer des atteintes physiologiques
  • le potentiel de modification psychique, c’est-à-dire la faculté de perturber les perceptions, les cognitions, l’humeur, la motivation, etc. ;
  • le potentiel addictif, c’est-à-dire la capacité à créer une dépendance qui dépend de l’impact de la substance sur le système intracérébral de récompense.

Cette représentation dans un cube en trois axes permet d’y placer chaque substance en fonction de ses niveaux de dangerosité propre. Par exemple : le tabac et l’héroïne sont à des niveau x très élevés sur l’axe du potentiel addictif ; mais l’héroïne est très haut sur l’échelle de l’action psycho modificatrice et très bas sur le potentiel de toxicité somatique ; alors que le tabac est en position inverse, car peu psycho modificateur, mais fortement somatotoxique.

De ces trois axes de dangerosité pharmacologique découlent trois types de complications :

  • les complications somatiques ;
  • les complications psychopathologiques ;
  • la dépendance.

Facteurs Individuels :

La génétique

Les gènes expliqueraient 40 à 80 % de la variance inter-individuelle des addictions aux différentes substances. La part génétique est plus importante dans les formes d’addictions plus intenses, à dépendance plus marquée ou plus persistantes.

L’âge de début

Plus une consommation de substances psychoactives démarre tôt dans la vie, plus le risque d’apparition d’abus et/ou d’installation d’une dépendance est élevé. Cette règle est applicable à toutes les substances (tabac, alcool, médicaments psychotropes, substances illicites), surtout, bien entendu, si l’usage se répète.

Traits de caractère

La clinique et l’épidémiologie ont permis de mettre en évidence des caractéristiques de personnalité qui prédisposent aux addictions comportementales ou aux produits. On peut les regrouper en deux grands groupes :

  1. Les traits qui traduisent une particulière sensibilité aux effets « plaisirs », renforçant des produits ou des comportements : la recherche de sensations, le faible évitement du danger, la recherche de nouveauté.
  2. Les traits qui traduisent une particulière sensibilité aux effets « apaisants » des produits ou des comportements permettant d’éviter ou de limiter la souffrance : la faible estime de soi, les réactions émotionnelles excessives, les difficultés dans la gestion des relations.

Des troubles de l’attachement

On retrouve chez les sujets addicts des troubles de l’attachement : les 2/3 d’entre eux ont un attachement insécure (anxieux-évitant, anxieux-ambivalent ou désorganisé).

Troubles psychiatriques

L’association de troubles psychopathologiques aux conduites addictives est soulignée par de nombreuses études. Néanmoins, les liens qui les unissent restent complexes (facteurs favorisants, conséquences, simples co-occurrences).

Retentissement des événements de vie sur le fonctionnement psychique

Les événements de vie font le lien entre des facteurs liés à l’environnement et une vulnérabilité du fonctionnement psychique. Il convient de rappeler que les événements traumatisants familiaux, psychiques, sexuels, physiques, notamment répétés, participent à l’organisation des personnalités limites et que les perturbations des relations précoces induisent les différents types d’attachement insécures.

Facteurs Environnementaux :

Il existe plusieurs types de facteurs environnementaux :

Facteurs culturels et sociaux

Entendons l’exposition à un produit dans une société ou une microsociété donnée. Ce facteur d’exposition peut s’évaluer à partir des quantités consommées d’un produit donné dans une société donnée, par exemple en France. Ces données peuvent être affinées par âge, sexe, groupe social, etc. Nous vivons dans une société addictogène, qui pousse à la consommation, du « tout tout de suite »  et à la recherche du plaisir immédiat. A l’inverse, elle ne favorise pas l’établissement de liens de longue durée, l’investissement dans les actions de groupe puisqu’elle privilégie l’individuel sur le collectif.

Facteurs familiaux

Ils concernent la consommation du produit (habitudes de consommation ou non-consommation, acceptation ou rejet, interdits religieux…) et le fonctionnement familial : conflits, événements vitaux, etc…

Rôle des copains

Il est incontestable que le groupe des pairs, soit par l’usage au sein du groupe, soit par la grande tolérance du groupe aux substances, joue un rôle majeur dans l’initiation à la consommation d’alcool et de drogue à l’adolescence. Cette influence est renforcée par la suite par le choix du groupe de pairs dans lequel circulent des substances.

Certains auteurs soulignent l’absence de supervision parentale comme responsable de la consommation de substances à travers son impact sur la composition du groupe de pairs. L’influence du groupe s’exercerait selon un double processus, d’une part, de modelage et, d’autre part, de coercition, où le refus de consommer provoque la désapprobation et le rejet.

Les interactions produit-individu : la métaphore de l’ornière

Cette métaphore, qui nous paraît très illustrative, a été développée par Zullino. Elle compare l’effet des drogues sur un individu aux passages répétés d’un véhicule sur une route. Elle rapproche la vulnérabilité individuelle de la résistance du sol, la fréquence des consommations de la fréquence des passages et la puissance addictive du produit au poids du véhicule.


Sources : https://www.addictaide.fr/