Quelques conseils à l’entourage d’un malade alcoolique

Bien sûr, notre entourage ne parviendra pas à éviter tous les pièges, mais nous pouvons cependant leur faire un certain nombre de recommandations face à un malade alcoolique :

Argumenter sans fin sur les problèmes créés par l’alcool. La raison, la volonté, ne suffisent pas pour vaincre la dépendance. En faisant cela, ils risqueraient, par une insistance excessive, d’augmenter notre culpabilité et donc la consommation d’alcool.

 

 

• Nous traiter uniquement comme un malade et un incapable. C’est là le meilleur moyen pour que nous le restions. Certes, ralcooto-dépendance est une maladie, mais une personne ne se réduit jamais simplement à sa maladie ou à sa souffrance ! Nous avons une place, celle d’un adulte, d’un père/d’une mère, d’une grand-mère/d’une grand-mère, etc. Une surprotection permanente est inutile et au long court contre-productive.

 

• Chercher à se liguer avec le soignant qui nous prend en charge, en ayant des contacts avec lui en dehors de notre présence pour lui raconter nos faits et gestes. Il s’agit de guérir, pas de condamner.

 

• Jouer les psys, ou les sauveurs. Ils ne sont ni l’un ni L’autre, et ne peuvent en aucun cas l’être pour nous. Il est plus prudent pour eux et plus bénéfique pour nous qu’ils restent à leur juste place de mari ou femme/frère ou soeur/parents ou enfants/etc.

 

• Attendre trop longtemps et laisser la situation s’aggraver démesurément avant de signifier ce qu’ils perçoivent ou de se protéger eux-mêmes.

 

• Se montrer soupçonneux, passer leur temps à espionner, quantifier, surveiller, marquer le niveau des bouteilles etc. Non seulement cela ne sert à rien, mais la confiance, même relative, qui existait encore ou commençait à revenir, risque de disparaître. En nous infantilisant, ils risquent de renforcer notre sentiment de honte, entretenant la poursuite ou la reprise de la consommation, par réaction.

 

• Proférer des menaces, faire du chantage. L’on pourrait ainsi se sentir incompris, mal aimé, coupable, et trouver toutes les raisons de continuer à boire.

 

 • Se détourner de leurs engagements et ne pas respecter les limites posées.

 

• Abandonner leurs loisirs, leurs engagements, leur personnalité. Ce n’est pas parce qu’ils vivent avec nous, que nous sommes malades et en souffrance, qu’ils doivent s’éloigner de leur vie. Bien au contraire, plus ils iront mieux et auront des lieux ou des activités de ressource, plus ils seront.

Lorsque la décision est prise d’arrêter de boire, c’est pour nous un changement révolutionnaire, habitués à nous appuyer sur l’alcool depuis tant d’années.

Même lorsque ce n’est pas notre première tentative, cela nécessite une vigilance sans relâche et des efforts en continu : «j’arrête de boire chaque seconde qui passe du matin au soir ».

Il est important pour l’entourage d’avoir conscience de tous ces efforts et de les reconnaître. Bien des réalcoolisations surviennent en conséquence de maladresses des proches : « juste un petit verre ne pourra pas te faire de mal », « de toute façon tu n’y arriveras pas, tu rechuteras comme d’habitude », etc.

S’il ne faut pas désespérer et aggraver la situation face à une reprise de consommation, qui peut être ponctuelle et ne signifie pas forcément une rechute complète, celle-ci devra toutefois faire l’objet d’une consultation rapidement si l’on est accompagné par un professionnel.

Pour l’entourage, qui a parfois tout misé sur ce changement de notre consommation ou l’arrêt de l’alcool, les difficultés ne sont donc pas terminées.

Il faut trouver ou inventer un nouvel équilibre, un nouveau partage d’expériences entre eux et nous, nous laissant la place de récupérer notre autonomie et notre place même si nous l’avions abandonné depuis des années, que ce soit dans notre famille ou au travail.

Ce repositionnement de chacun peut conduire à une déstabilisation de notre entourage qui nous a tant supporté et soutenu, après avoir tant porté, se trouvent parfois relégués à un plan secondaire une fois l’équilibre retrouvé.

Cette déstabilisation liée à l’abstinence et aux changements associés peut parfois conduire à une crise familiale en déstabilisant les rôles préalables de « coupable persécuteur » (nous) et de « victime persécutrice » (le proche) ; il n’est pas rare que ce renversement de situation conduise à des attitudes paradoxales de notre entourage qui favorisent inconsciemment la rechute.

Il peut-être indispensable d’inviter notre entourage à se rendre à un groupe d’information et de parole comme il en existe dans certains centres d’alcoologie ou au sein de mouvements d’entraide.

 

Qu’en pensez vous ? envie d’en débattre ? n’hésitez pas à vous exprimer en laissant des commentaires ici.