Les risques immédiats

 

L’alcool a des effets immédiats, essentiellement sur le cerveau, qui se manifestent quelques minutes après la consommation et qui peuvent durer plusieurs heures. Durant toute cette période, le fonctionnement du cerveau et le comportement sont perturbés, entraînant des risques spécifiques.

Les effets de l’ivresse

L’ivresse altère les facultés et le comportement du buveur. Très rapidement, il n’est plus en état de conduire. S’il continue à boire, son humeur devient instable et il est plus susceptible d’agressivité. Une ivresse importante favorise la prise de risques sans que le buveur n’en mesure réellement la portée. Enfin, une forte alcoolisation induit un état d’apathie et de somnolence, augmentant la vulnérabilité à l’environnement et diminuant les capacités à se défendre ou à réagir en cas de problème.

La « gueule de bois » et le trou noir

L’abus d’alcool peut aussi avoir des répercussions le lendemain. Le phénomène le plus connu est celui de la « gueule de bois » : maux de tête, fatigue et déshydratation en sont les principaux symptômes. Un autre phénomène bien connu est celui du « trou noir » : le buveur peut avoir oublié ce qui s’est passé la veille parce qu’il n’était plus en capacité de l’enregistrer et de le mémoriser.

Les risques de coma éthylique

Le coma éthylique est une évolution sévère de l’alcoolisation. Le buveur tombe dans un sommeil profond, ne répond que très difficilement aux stimuli. Sa température corporelle a diminué, il a la peau moite et n’a plus de tonus musculaire. Incapable de se réveiller et de déglutir, il court un risque de s’étouffer dans ses vomissements.

À un stade ultime d’anesthésie et de profonde inconscience, la personne en coma éthylique peut cesser de respirer et mourir. Un coma éthylique est une situation d’urgence qui nécessite l’intervention des secours.

Les dangers du « binge drinking »

Boire beaucoup d’alcool lorsqu’on fait la fête n’est pas nouveau. Par contre, Le « binge drinking » ou « biture expresse » ou encore « beuverie express » est un phénomène relativement récent. Il consiste à chercher à boire le plus possible d’alcool en un minimum de temps. Le but recherché est donc « l’ivresse pour l’ivresse ». En un court laps de temps, l’ivresse devient maximale et les pertes de contrôle de soi et de conscience ne sont pas rares.

Cet usage de l’alcool est particulièrement dangereux à court terme pour la santé des jeunes, qui se retrouvent de plus en plus souvent aux urgences. Mais il a aussi un impact à long terme sur le développement de leur cerveau et leurs capacités d’apprentissage.

Les dangers de l’alcool au volant

Même si la personne ne s’en rend pas compte, les effets de l’alcool commencent à apparaître dès le premier verre. L’alcool augmente le temps de réaction. Il diminue les réflexes, la vigilance et la résistance à la fatigue. Il perturbe également la vision, l’estimation des distances et la coordination des mouvements. De plus, son effet désinhibant amène à sous-évaluer le danger et ainsi à prendre des risques : « oubli » de boucler sa ceinture ou de porter un casque, vitesse excessive, etc.

Le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par 8 en cas de consommation d’alcool. Ce risque augmente très rapidement en fonction du taux d’alcool dans le sang : il est multiplié par 6 pour un taux compris entre 0,5 et 0,8 g/l, et par 40 pour un taux supérieur à 2 g/l. 

Alcool et violence

De par son action sur le fonctionnement du cerveau, l’alcool peut modifier les réactions face à une situation donnée : la personne va se focaliser sur l’irritation qu’elle ressent au moment présent et elle pensera moins aux conséquences futures de ses actes. Elle aura donc tendance à « perdre son sang-froid » plus rapidement, à réagir de façon plus extrême ou plus agressive, en comparaison de ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas consommé d’alcool.

C’est en partie la raison pour laquelle de nombreuses agressions (injures, coups, agressions sexuelles et homicides) sont commises sous l’effet de l’alcool.

De plus, lorsqu’une personne a bu, elle est moins en capacité de se défendre et devient donc plus vulnérable aux agressions.

L’impact de l’alcool sur la sexualité

Bien que l’alcool désinhibe et puisse aider à se sentir plus à l’aise, il peut également perturber l’érection chez l’homme et diminuer le plaisir chez la femme.

L’alcool affecte le libre-arbitre et la capacité à maîtriser la situation. Le risque est d’avoir une relation sexuelle non souhaitée ou d’oublier d’utiliser un préservatif, exposant à un risque de grossesse non désirée ou de contamination par le virus du sida ou toute autre infection sexuellement transmissible.

De la consommation ponctuelle à la consommation régulière

La gravité d’un abus d’alcool s’évalue aussi au regard de la fréquence à laquelle il arrive. Il n’a pas le même impact sur la santé et n’a pas le même sens s’il est très occasionnel ou s’il arrive plusieurs fois par mois. Dans ce dernier cas, le passage vers une consommation régulière et excessive est possible et le risque d’alcoolo-dépendance accru.

Vulnérabilités

 

“L’alcoolisme est peut-être la source de beaucoup de misères humaines mais, au fond, la misère humaine est la source de l’alcoolisme.”

 

Dr Elvin Morton 'Bunky' Jellinek (1890-1963)
Remarque:
Les “vulnérabilités” ne sont pas des excuses, mais contribuent à une meilleure compréhension de l’addiction et d’autres maladies. Elles laissent intouchées responsabilité individuelle et responsabilité collective !

Répéter ce qui est agréable et procure du plaisir n’a rien d’étonnant, à plus forte raison si ces habitudes sont bien intégrées dans notre vie sociale et dans notre culture. Mais continuer à répéter le même comportement face à des conséquences dramatiques pour soi-même et pour les autres relève des problèmes d’addiction.

Le pouvoir addictogène de substances telles que l’alcool ou les benzodiazépines est certes pour beaucoup dans le développement d’une dépendance, mais il faut aussi constater que nous ne sommes pas tous égaux devant les drogues.

Certaines personnes présentent une plus grande vulnérabilité à devenir dépendantes ou à avoir un usage à risque ou nocif de substances addictogènes.

Un ou plusieurs des facteurs suivants peuvent vous rendre plus vulnérable et considérablement augmenter votre risque de devenir dépendant/e (ou de présenter un usage à risque ou nocif), même avec une consommation considérée comme “modérée” ou “normale”.

Nombre d’entre ces facteurs sont liés à une souffrance pour laquelle le malade cherche un “remède“.

Hérédité (indice: il y a déjà eu dans votre famille un ou plusieurs malades souffrant de l’abus ou de la dépendance de substances addictogènes)

Age: vous avez commencé très tôt à consommer des substances addictogènes (enfance, adolescence)

Vous aviez dès le départ une plus grande tolérance à l’alcool que vos copains ou connaissances

Vous avez eu dès le départ une consommation problématique (consommations massives en une seule occasion, pertes de contrôle des quantités, pertes de connaissance, black-outs)

Vous avez une consommation quotidienne supérieure aux seuils recommandés par l’OMS

Vous vivez dans une “société de consommation“, avec une grande disponibilité voire omniprésence de la substance ainsi que des revenus relativement élevés

Dans votre environnement culturel la consommation de la substance est très répandue (fêtes, culture festive et récréationnelle, traditions culinaires, pots, sport…)

Dans votre entourage (famille, amis, école, travail) la consommation de substances addictogènes est courante, voire problématique

Vous avez de l’admiration pour des personnes dont l’usage d’alcool ou de drogues est/était problématique (membres de la famille, amis, ‘célébrités’ ou ‘idoles’… pris comme modèle ou exemple)

Au cours de votre développement personnel vous avez adopté et intégré la consommation de la substance addictogène comme marque de votre personnalité et identité (ex: “cool, viril, féminine, fort/e, rebelle, non conformiste, individualiste, créatif/ve, artiste, intellectuel/le, travailleur, homme/femme d’action, indépendant/e, joyeux gaillard, bonhomie, sociable” . . .)

Manque d’informations: vous ne connaissez pas les effets de la substance sur le corps et sur le psychisme; vous n’avez pas conscience des risques liés à l’abus de la substance addictogène (p.ex: cancers et autres maladies graves)

Vous êtes un “homme”

Vous êtes une femme (cf. “Inégalité devant l’alcool“)

Vous êtes une femme avec une éducation scolaire supérieure

Vous êtes un homme sans éducation scolaire supérieure

Vous avez grandi dans un milieu social défavorisé

Vous avez grandi dans un contexte familial et social problématique

Vous avez connu dans votre passé des traumatismes psychiques et/ou corporels (violence physique ou psychique, maltraitance, abus, abus sexuels, toutes les formes de traumatisme)

Vos parents ou proches ont vécu les horreurs traumatisantes d’une guerre (ce qui ne reste pas sans conséquences pour les générations qui suivent)

Vous vivez une situation psychique difficile (décès d’un proche, maladie, accident, divorce, situation financière, …)

Vous souffrez de sentiments de culpabilité et d’auto-dévaluation suite à certains événements ou circonstances dans votre vie (ex: fautes que vous avez commises ou tort causé dont vous vous sentez ou croyez responsable; dévaluation et humiliations subies dans votre enfance, dans vos relations, par des expériences traumatisantes de violence physique et psychique)

De par votre développement personnel (enfance, éducation, expériences) vous avez intégré profondément en vous l’erreur tragique que vous devez apporter une performance pour être aimé

Des événements ou circonstances dans votre enfance et adolescence ont fait que vous n’avez pas pu développer ou mettre en oeuvre des compétences essentielles (ex: s’exprimer, communiquer, se confier, dialoguer, négocier, s’affirmer, refuser, défendre ses intérêts, gérer des différents ou conflits, travailler en équipe, s’organiser…)

Vous souffrez de troubles psychiques: anxiété, attaques de panique, dépression, trouble de déficit de l’attention/hyperactivité, trouble bipolaire…

Vous avez une personnalité très impulsive

Vous souffrez de solitude, d’isolement, vous avez le sentiment d’être exclu, vous n’avez pas ou peu de contacts sociaux

Vous souffrez de porter tout(e) seul(e) un fardeau que vous avez été amené(e) à choisir d’en faire le vôtre

Vous appartenez à une minorité, vous vous sentez déraciné ou exclu, vous avez des difficultés d’intégration et d’identité dans l’environnement culturel dominant

Vous souffrez de situations d’échec (échecs réels ou perçus comme tels): chômage, difficultés et échecs scolaires, difficultés et échecs professionnels, difficultés ou échecs dans vos relations, échecs dans vos projets de vie, échecs relatifs à l’image de soi ou valeurs et normes

Vous souffrez d’un manque de confiance en vous

Vous souffrez de stress (ex: vous travaillez dans un domaine ou occupez une fonction à haute responsabilité, réelle ou perçue comme telle)

Vous êtes l’objet de discrimination ou de harcèlement (réels ou perçus comme tels)

Votre situation personnelle et votre contexte socio-professionnel ne vous offrent que peu de récompenses alternatives ou activités et ressources valorisantes où vous trouvez plaisir, satisfaction et respect

Vous n’avez aucune influence ou contrôle sur la manière d’organiser votre travail, vous subissez votre situation, vous souffrez d’un manque d’autonomie, d’autodétermination, d’indépendance et de liberté dans votre vie

Évaluation

Sur quelques-uns de ces facteurs vous n’avez pas ou que peu d’emprise. Toutefois les difficultés et maladies liées à l’abus et à l’addiction de substances addictogènes ne sont pas une fatalité!

Il existe aujourd’hui des traitements, thérapies spécifiques et mesures d’accompagnement efficaces qui peuvent vous aider à vous en sortir.

Vous pouvez notamment:

 

  • sortir de certaines situations
  • apprendre à changer votre perspective, vos réactions et comportements à leur égard
  • apprendre à utiliser de nouveaux outils et acquérir de nouvelles compétences pour mieux gérer vos difficultés
  • bénéficier d’aides thérapeutiques et mesures d’accompagnement appropriées qui peuvent considérablement améliorer votre situation, votre santé et votre bien-être !